Mesures clés que le Canada peut déployer pour faciliter le transport aérien face à la hausse de la demande

Plus de 50 pays ont abandonné toutes restrictions liées à la COVID-19 pour les voyages aériens, y compris la vaccination obligatoire, et le Canada devrait en faire tout autant.

 

Le transport aérien a incontestablement connu des ratés au cours des derniers mois. Au sortir de ces deux dernières années de confinement, les Canadiens ont soif de voyage et sont prêts pour le décollage. En janvier 2022, le nombre de réservations pour des voyages aériens n’était que de 20 % de ce qu’il était pour la même période en 2019; en juin 2022, il était supérieur de 80 % au nombre de réservations de juin 2019.

Cette hausse massive de la demande ne s’est pas faite sans heurts : attentes interminables, vols perturbés, bagages égarés. Bien que ces problèmes ne soient pas uniques au Canada – de nombreux voyageurs à destination de l’Europe et des États-Unis ont vécu une expérience similaire – ils demeurent tout à fait inacceptables.

En réaction, les aéroports canadiens, les compagnies aériennes, le gouvernement fédéral et ses organismes ont travaillé d’arrache-pied pour améliorer l’expérience des voyageurs. Les compagnies aériennes ont rappelé le personnel qui avait été mis à pied pendant la pandémie, embauché et formé de nouveaux employés en un temps record, et réduit leur capacité pendant les périodes de pointe estivales afin de s’adapter aux contraintes de capacité. Les aéroports ont intégré l’intelligence artificielle dans les systèmes de gestion des bagages, collaboré avec les agences gouvernementales pour optimiser les processus, ajouté des bornes d’inspection primaire ainsi que de nouvelles portes électroniques pour les contrôles frontaliers. Le gouvernement fédéral et ses agences ont embauché 1 600 nouveaux agents de contrôle depuis avril, affecté de nouveaux étudiants aux postes frontaliers afin d’améliorer le traitement des arrivées internationales, et éliminé le mandat de vaccination à l’échelle nationale.

La bonne nouvelle est que ces mesures collectives font leur effet. À titre d’exemple, le 5 août dernier, l’aéroport Pearson de Toronto a annoncé que les retards de vols étaient en baisse et que 82 % des voyageurs avaient franchi la sécurité en moins de 15 minutes. Des progrès sont observés de façon hebdomadaire.

Néanmoins, d’autres mesures pourraient être adoptées pour soutenir le redressement du système de transport aérien et faciliter l’expérience des voyageurs, notamment :

  1. Éliminer les restrictions sur les voyages aériens liées à la COVID-19. À l’heure actuelle, le Canada est l’un des seuls pays au monde à encore effectuer des tests de dépistage aléatoires à l’arrivée des voyageurs aériens. Les tests de dépistage aléatoires, l’obligation d’utiliser ArriveCan pour fournir des informations sur la santé, la présentation d’une preuve de vaccination et la mise en quarantaine des voyageurs non-vaccinés sont autant de facteurs qui contribuent à perturber les déplacements et à ralentir le tourisme au Canada. Plus de 50 pays ont abandonné toutes restrictions liées à la COVID-19 pour les voyages aériens, y compris la vaccination obligatoire, et le Canada devrait en faire tout autant.
  2. Mettre en œuvre un programme national de voyageurs dignes de confiance, semblable au programme de contrôle préalable des États-Unis. Le Canada a besoin d’un système de contrôle de sécurité en fonction du risque.
  3. Investir dans une frontière numérique moderne et des procédures de contrôle efficaces. Cela comprend la mise en œuvre de la biométrie et la facilitation numérique des voyageurs à notre frontière par le biais de portes électroniques, semblables à ce que les voyageurs connaissent en Europe.
  4. Collaborer avec les États-Unis pour rouvrir les centres d’évaluation Nexus au Canada afin de rattraper l’arriéré de plus de 300 000 demandes. Le gouvernement doit continuer à travailler avec les autorités américaines pour améliorer les ressources en personnel et développer les conventions de prédédouanement existantes.
  5. Réduire l’arriéré des demandes de passeports et de visas canadiens, afin que les Canadiens puissent se déplacer et que notre pays puisse accueillir davantage de visiteurs et d’étudiants.
  6. Les aéroports du pays ne devraient pas continuer à devoir au gouvernement fédéral des loyers différés datant de l’ère COVID. Il n’y avait aucun moyen réaliste pour les aéroports de payer ces loyers. Au contraire, ces sommes devraient être affectées à la modernisation des infrastructures aéroportuaires canadiennes pour la prochaine décennie. De nouveaux outils numériques, la réfection des tarmacs et des carrousels à bagages, et l’aide aux compagnies aériennes pour accélérer l’adoption de technologies propres avec des carburants alternatifs, des véhicules d’assistance électriques et le stockage de l’énergie – autant de mesures qui amélioreraient le système de transport aérien et le rendraient compétitif par rapport à ses homologues américains.

Notre objectif commun est de faire en sorte que le transport aérien au Canada soit fluide, efficace et abordable. Avec les bonnes politiques et les bons programmes, et en partenariat avec le gouvernement fédéral, nous pouvons faire en sorte que le système de transport aérien du Canada soit moderne et innovateur, et qu’il demeure concurrentiel par rapport à tout autre pays.

Jeff Morrison est le président et chef de la direction du Conseil national des lignes aériennes du Canada. Monette Pasher est présidente et chef de la direction du Conseil des aéroports du Canada.