Au début des années 1990, le Canada a choisi une voie unique en demeurant propriétaire des terrains, mais en transférant l’exploitation des aéroports les plus occupés du pays aux 21 autorités aéroportuaires privées en vertu de baux à long terme constituant le Réseau national d’aéroports (RNA). Soixante et onze aéroports régionaux supplémentaires, détenant six pour cent du trafic des passagers, ont été déterminés comme ne faisant pas partie du RNA. Les administrations municipales, les gouvernements provinciaux ou les représentants du secteur privé en sont propriétaires et responsables de l’exploitation. Le gouvernement fédéral garde toutefois le contrôle des politiques, de la certification et de la réglementation.
Les aéroports du RNA, ainsi que ceux qui n’en font pas partie, sont gérés au niveau local et doivent tenir compte des besoins non seulement de leurs exploitants aériens commerciaux, mais aussi des voyageurs, des expéditeurs, de l’aviation générale, en plus des besoins des économies locales et régionales à plus grande portée et des collectivités.
Les revenus des aéroports canadiens proviennent de trois sources :
- Revenus aéronautiques : redevances d’atterrissage et autres frais imposés aux transporteurs aériens et aux locataires de l’aviation générale.
- Revenus non aéronautiques : générés par des activités commerciales ou le développement immobilier sur le terrain de l’aéroport (hôtels, magasins, restaurants, stationnement, etc.).
- Frais d’améliorations aéroportuaires (FAA) imposés sur les billets d’avion : utilisés exclusivement pour les programmes d’immobilisations dont les voyageurs et les autres utilisateurs de l’aéroport tireront profit.
Bien que les sources de revenus aéronautiques et non aéronautiques sont généralement suffisantes pour maintenir les activités existantes de l’aéroport, les revenus au Canada provenant des FAA compensent la différence nécessaire pour soutenir les grands projets d’infrastructure généralement liés à un aéroport. Depuis le début des années 1990, les aéroports du Canada ont investi plus de 30 milliards de dollars pour l’amélioration des immobilisations, un montant quasi exclusivement amassé à l’aide des FAA.
Selon le Rapport sur la compétitivité du secteur du voyage et du tourisme du Forum économique mondial, le Canada a mis sur pied la meilleure infrastructure au monde en matière de transport aérien, non seulement en offrant un niveau élevé de confort et de sécurité aux voyageurs, mais aussi en s’assurant d’avoir une capacité suffisante pour de nouvelles routes aériennes et des choix concurrentiels sur le marché. Les aéroports canadiens diversifient leurs revenus en ajoutant de nouveaux restaurants, boutiques, cafés et autres options aux voyageurs. Ces produits et services, nouveaux ou améliorés, permettent aux aéroports de moins dépendre des revenus aéronautiques. C’est une façon qu’ont les aéroports d’aider les transporteurs aériens à garder leurs coûts plus bas; des économies qui peuvent ensuite être transmises aux voyageurs.
L’approche du Canada se base sur la notion que les utilisateurs directs, non pas les contribuables, devraient assumer le plus possible les coûts du transport aérien. Avec ce modèle, les aéroports du Canada sont responsables des coûts d’exploitation et d’investissement associés à l’exploitation, au maintien et à la croissance des aéroports dans le but d’améliorer l’expérience des voyageurs et permettre la croissance. Les utilisateurs supportent davantage les coûts que n’importe où ailleurs dans le monde, mais puisque nos aéroports sont exploités par des autorités aéroportuaires sans but lucratif, le système garantit que chaque dollar est réinvesti. Sans actionnaires à rémunérer, les aéroports réinvestissent l’ensemble de l’excédent dans les aéroports, ainsi, les utilisateurs et les collectivités qu’ils desservent peuvent en tirer profit.
Les aéroports du Canada sont responsables à l’échelle locale, avec les conseils d’administration nommés par les groupes qui représentent les ordres de gouvernement, les commerces locaux et les intérêts de la collectivité.
Aussi, plutôt que de faire payer les contribuables comme le font les aéroports de nombreux pays, les aéroports du Canada réinvestissent. Dans le cas des 21 autorités aéroportuaires exploitées par des corporations privées, le gouvernement fédéral perçoit jusqu’à 12 pour cent des recettes brutes des aéroports sous la forme de loyer. En 2019, les aéroports du Canada ont fourni 419 millions de dollars en loyer au fédéral – plus de 6,5 milliards de dollars ont été transférés au gouvernement fédéral depuis 1992.
Étant donné l’importance des aéroports du Canada pour le tourisme, le commerce et le bien-être des collectivités, le gouvernement du Canada doit contribuer et s’assurer que les aéroports continuent d’avoir la capacité de croître afin de répondre à la demande pour des services aériens, nouveaux ou supplémentaires, et offrir des choix concurrentiels aux consommateurs.
Une possibilité serait d’éliminer les loyers pour tous les aéroports qui ont moins de 3 millions de passagers. Pour les autres aéroports, on pourrait du moins réexaminer la formule pour arrêter de pénaliser la croissance et la diversification des revenus ou imposer un plafond aux présents niveaux.