(OTTAWA) Le 4 septembre 2020 – Alors que les restrictions et quarantaines imposées au secteur des voyages vont de toute évidence se poursuivre cet automne, des données à jour dressent un portrait catastrophique de la situation financière des aéroports du Canada. En effet, ces derniers prévoient désormais une perte de revenus de l’ordre de 4,5 milliards $ et un niveau d’endettement qui grimpera à 2,8 milliards $ d’ici la fin de 2021. Ces nouvelles projections, qui font état d’une baisse de 30 pour cent par rapport aux attentes initiales, furent récemment soumises au gouvernement fédéral.
Les données sur le volume de passagers sont on ne peut plus éloquentes : on prévoit en 2020 une baisse d’environ 72 pour cent par rapport à l’année précédente, et de 65 pour cent en 2021. En 2019, les aéroports du Canada ont desservi pas moins de 160 millions de passagers – un record –, en plus d’employer 194 000 personnes et de générer 19 milliards $ dans le PIB du pays.
Considérant l’urgence de la situation, le Conseil des aéroports du Canada (CAC) demande au gouvernement de mettre immédiatement en place plusieurs mesures d’aide. D’abord, en ce qui a trait aux 22 aéroports qui versent un loyer foncier au gouvernement fédéral, on demande que l’allègement des loyers soit prolongé de plusieurs années, soit jusqu’à un retour des volumes habituels de passagers. Une seconde mesure consiste à accorder à tous les aéroports – en particulier ceux qui ne peuvent profiter d’un allègement des loyers, étant donné qu’ils en versent peu ou aucun – des prêts sans intérêts pouvant être remboursés sur une longue période. Enfin, le gouvernement devrait élargir ses programmes d’infrastructures pour y inclure des fonds servant à soutenir l’exploitation des aéroports sur une base continue, et à financer les investissements requis pour répondre aux exigences imposées en matière de sécurité et d’accessibilité.
Pour plusieurs aéroports de moindre envergure, qui peinaient à assurer leur viabilité avant même l’arrivée de la COVID-19, ces trois demandes pourraient même s’avérer insuffisantes. Certaines liaisons aériennes annulées pourraient ne jamais être rétablies, et certains aéroports pourraient être contraints de fermer leurs portes définitivement. Afin de soutenir de tels actifs essentiels à leur communauté, le CAC demande au gouvernement fédéral d’accorder aux aéroports exploités par des entités municipales un accès à la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC) et d’autres programmes d’aide fédéraux, et également d’accroître le financement provenant du programme d’aide aux immobilisations aéroportuaires.
« Avec une chute projetée du volume de passagers de 72 pour cent en 2020 et de 65 pour cent en 2021, la situation financière des aéroports se dégrade de jour en jour, déplore Daniel-Robert Gooch, président du CAC. Or, sans une intervention immédiate du gouvernement sous forme d’un moratoire sur les loyers fonciers, de prêts sans intérêts (ou autre soutien équivalent aux fins d’exploitation) et d’un financement additionnel octroyé aux petits aéroports, lorsque les Canadiens seront prêts à voyager à nouveau, qui sait ce que le secteur du transport aérien sera en mesure de leur offrir? »
Le portrait révisé s’avère une estimation à la fois plus pessimiste et réaliste du volume de passagers et des revenus, résultat d’une suspension prolongée du transport aérien imposée par diverses restrictions interprovinciales, une fermeture prolongée de la frontière et l’imposition d’une quarantaine de 14 jours à toute personne arrivant au Canada.
Hormis un allègement du loyer des aéroports accordé jusqu’à la fin de 2020, le gouvernement du Canada a privilégié la mise en place de mesures applicables à l’ensemble de l’économie tel que la SSUC, plutôt que des initiatives plus spécifiques au secteur aéroportuaire. Il s’agit certes d’une approche radicalement différente de celle des États-Unis, où le gouvernement a accordé 10 milliards USD en subventions directes aux aéroports – et cette somme pourrait même augmenter.
Avant l’arrivée de la COVID-19, la plupart des aéroports du Canada étaient entièrement financés via les frais imposés aux passagers et les redevances aéronautiques. Or, un système de tarification utilisateur-payeur ne peut fonctionner que s’il y a des utilisateurs. Sans une intervention du gouvernement, les voyageurs aériens au Canada risquent potentiellement de devoir payer davantage et recevoir moins en retour.
« Malheureusement, des programmes comme la Subvention salariale d’urgence du Canada, tout en accordant un certain soutien, ne parviennent pas à freiner l’hémorragie, ajoute Gooch. Les aéroports se voient alors contraints de faire des choix difficiles. Ils peuvent hausser considérablement les frais, s’endetter à un niveau sans précédent, réduire drastiquement leurs opérations ou, dans le pire scénario, fermer leurs portes de façon définitive. Qui plus est, le transport aérien est très sensible aux prix et les aéroports sont dans une situation de forte concurrence. Si leurs tarifs devenaient trop élevés, les Canadiens pourraient alors se tourner vers les aéroports américains. »
Les aéroports du Canada sont déterminés à émerger de cette crise plus dynamiques et concurrentiels que jamais, tout en assurant la sécurité des voyageurs et du personnel – mais ils ne peuvent y parvenir seuls.
« Depuis le début de la pandémie, les aéroports collaborent entre autres avec des responsables des secteurs du transport, des services frontaliers et de la santé, afin d’assurer que le transport aérien demeure le plus sain et sécuritaire possible, dit Gooch. Ayant mis en place des protocoles de nettoyage, de port du masque et de distanciation sociale, nos aéroports respectent, voire surpassent les directives sanitaires imposées tant par le Plan de vol de Transports Canada que l’Équipe spéciale sur la relance de l’aviation de l’Organisation de l’aviation civile internationale. Nous anticipons avec plaisir l’occasion de poursuivre notre collaboration avec Transports Canada et nos collègues à l’international en ce qui a trait aux méthodes de traçage améliorées, aux tests de dépistage et autres mesures visant à freiner la propagation du virus. Nous entendons rétablir la confiance des voyageurs envers le transport aérien et faire équipe avec le gouvernement afin de sauver notre industrie et lui éviter des dommages irréparables et permanents. »
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À propos du Conseil des aéroports du Canada
Le Conseil des aéroports du Canada (CAC), une division de l’Airports Council International-North America (ACI-NA), est le porte-parole des aéroports du Canada. Ses 53 membres représentent plus de 100 aéroports, dont tous les aéroports privés du Réseau national des aéroports (NAS) et de nombreux aéroports municipaux du Canada.
Avant la pandémie, les aéroports du Canada soutenaient près de 200 000 emplois, générant 13 milliards de dollars de salaires et 7 milliards de dollars d’impôts aux gouvernements municipal, provincial et fédéral.Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :
Debra Ward
Conseil des aéroports du Canada
613 274 0691 ou 613 850 9118
debra.ward@cacairports.ca